Si j'ai quelque chose à dire, alors c'est que je te comprends. Très bien même. J'ai moi-même songé un moment à cette solution là, parce que je ne voyais qu'elle comme issue. C'est un peu comme s'il ne te restait qu'une solution, que toutes les autres étaient impossibles. Alors tu y pense, souvent, et tu te dis qu'au fond, c'est facile. Il n'y a qu'une chose à faire, et tout ça se termine. Et je pense que pour en arriver là, il faut vraiment être mal. Très mal. Ce qui est bizarre, c'est que moi, je n'avais pas l'impression d'être malheureuse. J'en avais seulement assez. J'étais lasse de tout, plus rien ne me faisait envie, je n'arrêtais pas de réfléchir, de penser. Je suis quelqu'un qui réfléchis énormément, 24h sur 24h, et je n'en pouvais plus. Tout allait bien trop vite pour moi, sans que je puisse faire quoi que ce soit. C'est comme si tu étais embarqué dans un train sans pouvoir en descendre. Et c'est dur.

A ce moment là, je voyais plus la mort comme un échappatoire. Quelque chose d'agréable, qui fait que tout tes ennuis s'arrête. Mais j'ai pris le temps d'y réfléchir, parce que je savais que ce ne serait surement pas sans conséquence. C'est vrai que, pour Moi, ça aurait peut-être été la meilleure des choses. Mais j'ai pensé à ma famille, à mes amis. Ils n'auraient pas compris, et je n'avais pas envie de le faire de la peine, parce qu'ils ne le méritaient pas, et qu'ils étaient géniaux. Ce n'étaient pas leurs fautes si j'en étais là. Un moment, j'ai songé à le faire tout de même, en me disant qu'il comprendrait. Mais non, au fond, il n'auraient pas compris, parce que je n'ai rien montré, et qu'en soit, il n'y avait pas de problème particulier, si ce n'est ce dont j'ai parlé un peu plus haut.

Alors, je me suis dit que j'allais serrer les dents, et continuer un peu, en essayant de prendre le temps d'y réfléchir (pour une fois que je voulais réfléchir, et non pas arrêter). J'ai pris mes problèmes un par un, et j'ai essayé de les résoudre. Certains ont été très rapides à régler, d'autre bien plus long. Mais j'ai pris le temps qu'il fallait, et s'il y a une chose que je sais maintenant, c'est que je ne regrette pas d'avoir réfléchit avant de le faire. Parce que ça va mieux maintenant. Je réfléchis encore énormément, mais j'essaye de ne pas prêter attention à ce qui ne va pas. Je relègue ça dans un coin de la tête, je sors avec mes amies, je vais monter à cheval, n'importe quoi qui puisse m'empêcher de penser. Et quand je suis calme et détendue, alors j'y reviens, et en général ce qui me paraissait être une montagne devient insignifiant.

Si j'ai une chose à te conseiller, c'est de trouver quelqu'un à qui parler. Pas forcément de ça, mais quelqu'un à qui tu puisse parler, même de tout et de rien, et avec qui tu te sente bien. C'est franchement con, mais moi ça a été mon moniteur d'auto-école. J'ai commencé à conduire juste avant que tout ne commence à se dégrader. J'ai appris à le connaître, il s'appelle Pierre, et il est assez jeune, ce qui est franchement bien tombé je dirais. Pendant mes premières heures de conduite, ont a pas mal discuté, j'ai appris à le connaître et lui aussi. J'ai pas forcément très bon caractère, et il a su trouver par où me prendre. Et vice-versa. Et puis, durant la période où ça n'allait pas vraiment bien. Il l'a tout de suite remarqué, et c'est sans doute le seul. Quand je m'énerve ou que je suis fatiguée, je conduis comme un pied. Un jour comme ça, ça n'allait franchement pas, et après dix minutes de conduite, il m'a dit qu'on allait faire une pause. Il a pris les commandes et a garé la voiture. Et juste après ça, il m'a demandé ce qu'il se passait. Mais pas comme un reproche tu vois, plutôt comme une question gentille. Je ne sais pas s'il se doutait de ce à quoi je pensais alors, mais ça tombait bien. On a pas mal parlé, pas du tout du fait que je pensais à ça bien sur, mais du reste. Je lui ai dit que j'en avais un peu marre de tout, que j'étais un peu à la masse tu vois. Et il a franchement été super.

En général, je conduisais une à deux heures par semaines. Et il m'a proposé de faire une pause, de ne pas conduire pendant deux semaines, histoire de souffler. Alors j'ai fais sauté toutes mes heures. Et c'est là que je me suis rendu-compte du problème. C'était encore pire. Avec l'équitation, la conduite était ma seule "bulle". Un moment où je mettais tout de côté, pour arrêter de réfléchir à tout ça, et penser à autre chose. Alors au bout d'une semaine je suis allé le voir et je lui ai dit. Je lui ai expliqué qu'au fond, la conduite c'était un genre de bulle et tout. Il aurait pu se moquer, rire, ou quoi, mais il a tout a fait bien compris. Alors on a remis des heures de conduite. Et le fait de parler de tout et de rien pendant une ou deux heures par semaines, ça fait franchement du bien, je te jure. Ce qui était bien, c'est que notre "relation" était spéciale. Pas comme avec mes parents, mais pas comme avec des amis non plus. Je ne saurais toujours pas dire comment je le considère. Il est franchement super, mais avec lui, je ne parle pas de la même chose qu'avec une amie. C'est différent, c'est tout. Et quand on parle, même sans aborder directement le sujet, je me rend compte que je ça va mieux. Même sans parler de ce qui ne vas pas. Il m'a raconté que lui aussi il réfléchissais beaucoup, donc il sait. On parle de nos journées, moi des cours, et lui des heures de conduites, des anecdotes, de pleins d'autres choses, de tout et de rien, mais ça fait un bien fou. Et on rigole bien aussi. Je n'ai pas peur de parler avec lui, même si ça reste "uniquement" mon moniteur d'auto-école. J'ai conduis quoi...26 heures avec lui, et pourtant, il vois tout de suite si je suis fatiguée, énervée, etc...Je ne peux rien lui cacher, et même si je le voulais je n'y arriverais pas. Il me connaît trop bien. Et c'est pareil pour moi, je vois tout de suite s'il est fâché, s'il est fatigué. C'est bête hein ? Si j'avais su que j'en arriverais là avec lui. Il ne s'en doute surement pas, mais il a pesé pour beaucoup dans ma décision d'essayer de surmonter tout ça. Parce que qu'à chaque fois, je me disais que nos discussions allaient me manquer.

J'en suis là, à penser souvent à ce qu'il me dirait, ce que je lui dirais. C'est con, quand j'y pense, mais voila. C'est la seule solution que j'ai trouvé, et maintenant tout va mieux. Je crois que si j'avais le courage et l'occasion, je lui raconterais tout, mais au fond je ne suis pas sure d'en avoir envie. Peut-être qu'il me prendrait pour une folle, j'en sais trop rien. Alors je garde ça pour moi. Et puis je me dis que, nos discussions, personnes n'ira les chercher, et personnes n'en saura rien. Alors je te conseille franchement de trouver quelqu'un à qui parler si ça va pas, c'est tellement mieux. Je n'ai jamais abordé directement le sujet avec lui, même pas la dépression ni rien, et pourtant je m'en suis sortie en parti grâce à lui, je pense. Après, j'espère que j'arriverais à continuer sans lui. Demain, j'ai mes deux dernières heures de conduite, et en prime, il y aura ma mère, donc on ne pourra pas parler aussi ouvertement que d'habitude. C'est dommage. Je le savais, je m'y suis préparé, mais je me retrouve un peu au pied du mur. Alors j'espère que j'arriverais à continuer sans lui, mais je n'en doute pas. J'en suis arrivé là, et je compte bien continuer à m'en sortir, parce que j'ai vécu tellement de belles choses depuis que tout allait mal, que je ne regrette absolument pas ma décision d'attendre.

J'ai du me répéter cinquante fois, ou tu vas me prendre pour une folle avec mon moniteur, mais voila, c'est la stricte vérité. Alors sache que, si tu as besoin de parler, ma boîte à MP est ouverte ♥